Depuis quelques années, l’Intelligence artificielle fait des avancées si fulgurantes que le grand public peut, au printemps 2024, l’utiliser gratuitement pour générer articles, illustrations, portraits, musiques et voix de synthèse. La prochaine étape, la génération de vidéo, ne semble qu’à deux pas.
La frénésie que déclenche cette technologie – entre enthousiasme, doute et appréhension – est justifiée, notamment pour les acteurs des domaines créatifs, directement impactés. Ainsi, faisons un petit point : le graphisme et l’IA, en 2024 : quelle relation et quelles perspectives ?
IA et génération d’image
Comment ça marche ?
Bon, on ne va pas s’attarder sur l’aspect technique : beaucoup d’articles le font déjà de façon très précise et détaillée. L’intelligence artificielle est entraînée sur une base contenant une quantité faramineuse d’images à en identifier les différents éléments : qu’est-ce qu’un coucher de soleil ? Une pomme ? Et ce en prenant en compte toutes les configurations et déclinaisons possibles. Grâce à cet apprentissage en profondeur (Machine learning, Deep learning), l’IA devient capable de créer des images de toutes pièces… enfin plus ou moins. Les pièces sont les milliers d’images qu’elle a analysées pour pouvoir créer à la demande de l’utilisateur, sur mesure, à partir d’une simple ligne de texte, le visuel parfait.
Pourquoi un tel engouement ?
C’est presque magique : Midjourney, Adobe Firefly, Freepik Pikaso…. Chacun de ces outils de génération d’image est simplissime à prendre en main, rapide d’utilisation, et souvent gratuit, pour un rendu très convaincant. Pourquoi s’en priver ?
Cela permet de gagner énormément de temps en donnant une précision que les banques d’images ne permettent pas : quelle coupe de cheveux ? Quelle position ? Quel cadrage ? Quel arrière-plan ? Pas besoin de photomontage ou de photographie sur mesure, l’IA répond à ces besoins en un tour de main.
Où est-ce que ça coince ?
L’esthétique “IA”
Trop beau pour être vrai ? C’est souvent l’effet « uncanny » produit par ces images générées par l’intelligence artificielle, surtout quand elle s’attaque au vivant dans un style réaliste. Des dents trop blanches et régulières, un regard gênant, une lumière digne d’Hollywood… Souvent, on s’attarde sur l’image, et un petit quelque chose ne va pas. Quand ce n’est pas un grand quelque chose : si l’IA commence enfin à proposer des mains convenables après des années à se heurter à cet écueil, elle proposera parfois des humains à trois bras ou aux jambes tordues. Oups !
Éthique et légalité
Au delà de l’insatisfaction sur le plan esthétique et celui du réalisme, il y a aussi quelques soucis éthiques avec l’IA. Sa relation aux créatifs interroge. Après avoir été biberonnée avec leurs créations – photographies et illustrations – parfois (souvent) sans permission explicite, va t-elle les remplacer ? Le capitalisme exacerbé va t-il mettre la machine aux manettes de la création et en exclure l’humain ? Possible ; c’est en tous cas la voie sur laquelle s’engagent certaines industries. Une fatalité qui révolte les créatifs qui peinent pour l’instant à faire respecter leurs droits et à s’imposer face à l’IA.
D’autres facteurs ont un effet repoussoir, comme l’omniprésence et le renforcement de stéréotypes par l’IA. Le manque de visibilité qu’ont les opérateurs de ces machines sur leurs rouages internes est aussi un problème notoire.
Bref !
En tant que graphiste, cette technologie est très tentante et extrêmement utile dans des cas bien précis (urgences, contextes très spécifiques, style particulier, etc.). Mais c’est avec vigilance et précaution que l’on s’approprie ce nouvel outil. Il est en vérité plus utile associé à des pratiques sur lesquelles on garde un certain contrôle, comme le montage et l’édition d’images.
La modification d’images assistée par l’IA
Ces fonctionnalités n’impactent que peu les platebandes du graphiste ; au contraire, elles lui permettent de gagner du temps et de se concentrer sur des tâches plus conceptuelles ou esthétiques que purement techniques. Elles lui laissent aussi un bien plus grand contrôle sur le rendu que la génération d’images en n’étant qu’une étape du processus et non sa totalité.
“Photos” générées avec Adobe Firefly avec les prompts : “a cute robot and a woman are building a puzzle together”, “a cute robot is helping and advising an artist who is working at a desk” et “a cute robot is mixing paints”.
Les perspectives de l’IA
À moyen terme, on peut s’attendre à ce que l’IA continue à gagner du terrain dans le domaine de la communication visuelle, grâce à sa polyvalence, sa rapidité, sa facilité de prise en main et son moindre coût. Elle est de plus en plus présente dans les éditeurs de sites web, participant déjà activement à leur rédaction de contenu. La création et la structuration des pages – souvent déjà standardisées par domaine d’activité – est à portée de main.
Pareillement, l’IA pourra se charger de créer des logos, flyers, bannières et autres supports visuels à la demande.
Quelle place pour le graphiste dans ce cas ? Aux manettes ! Cette démocratisation des technologies de création n’est pas nouvelle, elle s’est seulement intensifiée : les ordinateurs personnels avec les logiciels de mise en page, l’application Canva, les app’s de retouche de photographies sur smartphone… Cette tendance des outils à devenir hyper accessibles a plus de vingt ans. Le créatif se distingue par ses connaissances théoriques et stratégiques et par son expérience. Car encore faut-il savoir quoi demander à la machine : « l’intelligence » de l’IA n’est pas à la hauteur de celle du professionnel en matière de stratégie, d’esthétique et de cohérence visuelle.
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